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L’Ikat est un procédé de teinture et de tissage où les fils de chaîne et/ou de trame sont teints avant le tissage, après avoir été ligaturés en fonction des motifs à réaliser. Il est très utilisé pour la confection des tissus indiens.
C’est ce qui distingue cette technique des autres tissus dont les motifs sont imprimés à la planche de bois. Les motifs Ikat résultent de fils de coton préalablement noués, teintés puis tissés, après avoir été dénoués. Les vêtements ou les objets de décoration sont réalisés entièrement à la main. Ils sont rares et chers. Attention, il arrive aussi de trouver des contrefaçons.

Origines de cette technique

La technique de l’« Ikat » serait apparue en Chine autour du VIème siècle, puis se serait répandue vers l’Asie du Sud-Est, l’Inde, le Moyen-Orient, le Japon, l’Afrique et l’Amérique Latine. Au Japon, l’activité se trouve essentiellement sur les îles d’Okinawa.
En Inde, les techniques diffèrent selon les Etats. Par exemple, l’Ikat de l’Etat d’Odisha est différent de l’Ikat aux motifs précis de la ville de Patan dans l’Etat de Gujarat. C’est dans cette ville que le Patan Patola, le sari indien en double Ikat, est fabriqué. Le double Ikat est une technique encore plus complexe et plus chère. Il est très apprécié par les familles riches et aristocratiques. Aujourd’hui, il ne reste que 3 familles à tisser le Patan Patola. Il faut entre 6 à 12 mois pour réaliser un modèle. L’Ikat est la plupart du temps réalisé sur de la soie mais peut aussi être utilisé sur du coton ou sur du raphia. Et pour rester dans la culture asiatique, lisez cet article pour tout savoir sur le Feng Shui.

Comment les tissus sont confectionnés (comment est réalisé l’Ikat)

Cette fabrication artisanale de textiles est reconnaissable par ses motifs souvent flous, ce qui est dû aux légers décalages des fils au moment du tissage. La technique de teinture est complexe car les motifs sont teints sur le fil avant le tissage. Le travail de préparation des fils nécessite donc plus de temps que la phase de tissage. La quantité de fils à utiliser doit être exacte car c’est la juxtaposition des fils, correctement teints, qui créera les motifs. Ces derniers apparaissent pendant le tissage.

Ensuite, les fils sont montés sur écheveaux et des protections sont nouées autour des fils afin de préserver certaines parties du prochain bain de teinture. A l’aide d’un mètre ruban, on s’assure à ce que l’alternance des protections soit régulière et corresponde au motif désiré. Le procédé est ainsi répété autant de fois qu’il y a de couleurs pour obtenir, au final, un motif souvent très recherché.
Les artisans ajoutent souvent du bicarbonate de soude à la teinture. Non seulement, ils sont capables de reproduire toutes les couleurs de l’arc-en-ciel mais en intégrant des graines de fleurs, des gousses de plantes et des écorces d’arbres, ils réussissent à obtenir une palette multicolore très nuancée. Une fois la teinture réalisée, les fils sont tissés à la main.

La technique de l’Ikat est lente mais méticuleuse. Le travail, entièrement manuel, garantit un résultat unique. Les petits ateliers dans l’Etat du Telangana se battent pour perpétuer le procédé artisanal et travailler selon les méthodes traditionnelles. En effet, les jeunes générations ont tendance à s’orienter vers des techniques plus modernes pour confectionner les tissus indiens.

tissus

L’artisanat textile est encore très répandu en Inde.

Tissus Ikat : signification et tradition

Ikat signifie nouer en indonésien. Au Japon, l’Ikat est appelé « kasuri ». Dans les régions du monde qui travaillent selon ce procédé très ancien, sa confection fait partie intégrante de la culture et de l’histoire locale. On reconnaît un Iktat de qualité à l’homogénéité de la coloration. Si le motif est plus clair d’un côté que l’autre, cela signifie que le tissu a été peint de manière superficielle.

En Inde, l’Ikat est traditionnellement un tissu de fête qui symbolise la richesse et le prestige. Les vêtements indiens sont souvent imprimés de fruits, d’oiseaux, d’animaux et de fleurs. La nature inspire beaucoup la mode indienne et celle-ci a longtemps été dictée par les familles royales, qui ont recours à des gammes extrêmement colorées.
Par exemple, le perroquet est le symbole de la passion et de la séduction. On le retrouve sur des pièces d’art représentant la déesse Krishna et ses amants. La fleur de lotus symbolise l’ordre éternel de l’union de la terre, de l’eau et du ciel. Le motif de la mangue, aussi appelé « mankolam » en Sanskrit et « ambi » en Punjabi, est très populaire sur les textiles et les broderies du Bengal. Il est le symbole de la fertilité.

L’Ikat en Inde

L’Ikat lie l’Inde avec le reste de la région asiatique. Aujourd’hui, il insuffle à la décoration de la maison une tendance ethnique. Décliné sous forme de coussins, revêtements muraux, tapis, parures de lit ou rideaux, un seul motif est synonyme de tradition, d’artisanat et d’art indien. Les spécialistes recommandent de l’associer à des matériaux nobles, naturels ou recyclés et de l’utiliser dans des couleurs pastel pour adoucir la pièce.
Ce type d’habillement indien est cher, mais lorsqu’on connaît la complexité pour réaliser une pièce en Ikat, on ne peut que considérer cet achat comme un investissement. Et puis, il s’agit également de soutenir une filière locale. Les grandes enseignes ont été séduites si bien que des partenariats existent avec les artisans locaux pour les rémunérer de façon équitable. Ces partenariats permettent également de promouvoir l’Ikat, à travers le monde, en utilisant les réseaux de ventes modernes. Sur Internet, des sites de vente, spécialisés dans la culture indienne, vendent le tissu au mètre.
artisanat
La technique de l’Ikat est utilisée dans de nombreuses régions du monde. Au Cambodge, la technique a été poussée au rang de discipline artistique si bien que des tapisseries, représentant des scènes historiques, sont exposées dans les musées. En Afrique, chaque membre d’une ethnie portait un pagne, décoré de motifs Ikat, propres à sa tribu. Le tissage se réalise toujours de manière artisanale. Les outils, toujours aussi primaires, n’ont pas changé pour perpétuer une tradition qui dure depuis des siècles. D’ailleurs le savoir-faire, qui se transmet de générations en générations, reste souvent dans le cercle familial.